Avez-vous déjà essayé d’adapter votre style de conduite pour diminuer la consommation de carburant de votre voiture ?
Si NON, arrêtez un instant avant de continuer à lire cet article et réfléchissez comment vous vous y prendriez. Vous avez des idées ?
« You can’t improve what you don’t mesure » avait constaté Lord Kelvin, physicien britannique de la fin du 19e siècle et innovateur du 0° absolu. Alors posez-vous la question comment vous aller mesurer le succès de l’une ou l’autre « petite » expérience ?
Heureusement, les ordinateurs de bord font aujourd’hui partie de l’équipement de base de la plupart des voitures sur le marché. Il est alors possible d’avoir un feedback immédiat et visible d’un processus qui se déroule à l’abri de nos regards. Avant, on aurait dû augmenter la fréquence des visites à la pompe pour croiser, après chaque expérience, le nombre de litres consommés avec le nombre de kilomètres parcourus.
Pourquoi est-ce si important de mesurer et d’avoir un feedback immédiat ? Parce que ce sont les mesures qui vont vous permettre de distinguer les tentatives infructueuses du succès. Vous pouvez ainsi adapter votre comportement à long terme en fonction de ce résultat.
Plus de visibilité permet de moins faire
En tant que travailleur du savoir, vous êtes soucieux de vous attaquer aux bonnes choses. Vous voulez être effectif, c’est-à-dire mener des activités qui vous approchent de vos objectifs. Vous évitez d’investir vos ressources limitées dans des projets qui ne vous apportent rien.
Obtenir de meilleurs résultats en mobilisant moins d’énergie est un vœu de la plupart des travailleurs du savoir. Le problème est que le résultat du travail de connaissance et des habitudes est invisible et donc difficilement mesurable (du moins en ce qui concerne le court terme).
La plupart des travailleurs du savoir n’ont qu’une vue très limitée sur l’effet de leurs activités. Ils ne disposent pas d’un scoreboard ou d’un tableau d’investissement. Pourtant, un tel traçage d’activités est le secret des individus les plus productifs.
Le travailleur de connaissance est actif tout au long de la journée. Le problème est qu’il oublie très rapidement ce qu’il a réalisé. Ce phénomène est connu sous le nom de l’effet Zeigarnik : nous ne mémorisons que les activités et projets durant la période qui précède leur réalisation. Une fois effectuée, l’activité est classée par notre cerveau et devient inaccessible. L’effet Zeigarnik rend donc impossible de se souvenir de tout ce que nous avons fait dans la journée ou les jours qui précèdent.
Se limiter à sa mémoire pour tracer ses activités n’est donc pas une solution précise et fiable.
Mais comment procéder…
Rendre l’invisible visible
Pour permettre une évolution de notre comportement, il faut une prise de conscience. Pour arriver à prendre conscience, il faut avoir cerné le problème/le défi. Pour cerner le problème/défi, il faut mettre les processus invisibles en évidence.
Prenez cette image… Vous avez vu de quel endroit il s’agit ? C’est Central Park à New York. Les chemins sont visualisés par les données des coureurs. Ces données sont transmises par les New Yorkais sportifs via leur Nike Band. L’image montre les chemins les plus fréquentés par les coureurs. Il est ainsi facile pour l’entreprise de déterminer, par exemple, l’endroit le plus judicieux pour le placement d’une publicité et d’influencer ainsi le comportement d’achat.
Cet exemple montre bien à quel point il est intéressant de visualiser l’invisible pour prendre de meilleures décisions. Il en est de même pour les changements de comportement : il faut que vous disposiez des données nécessaires…
Vous voulez vérifier la boite de réception de votre compte mail moins souvent ? Démarrez avec un premier traçage : le nombre de fois sur une journée où vous passez par votre Inbox. Rien que le fait de noter, observer, mesurer et interpréter enclenche déjà un premier changement de comportement (malheureusement peu durable, mais un départ tout de même).
Occupez-vous de vos données
Keep It Simple. Il n’est pas nécessaire de faire comme la Nasa, qui (selon une légende urbaine) a dépensé des fortunes pour développer un outil d’écriture capable d’écrire en apesanteur. Non, il n’est pas nécessaire d’acheter depuis le départ des outils de mesure ou applications sophistiquées.
Dans la plupart des cas, la solution des russes pour leurs cosmonautes suffira aussi à votre collecte de données : le crayon.
Faites un trait de crayon sur une feuille à chaque fois que vous ouvrez votre boite de réception. Les données ainsi récoltées suffisent-elles à comprendre l’origine de votre problème et/ou à mesurer le succès d’un changement de comportement ? Sinon, quel type de données pourrait vous être utile ?
Rassurez-vous : il n’est pas nécessaire de collectionner vos données pour le reste de votre vie. Il suffit de tenir les données à jour le temps d’identifier l’origine du problème et de tester les remèdes. Analysez votre comportement et l’effet de vos petites expériences sur ce dernier.
N’hésitez pas à aller chercher de l’inspiration auprès du mouvement Quantified Self (QS). Il s’agit d’un réseau international d’utilisateurs et producteurs d’outils de traçage personnel. Il y a par exemple des personnes qui ont trouvé des solutions pour mesurer leur niveau de stress ou encore leur comportement de lecture.
Le marché de ces traceurs est en pleine évolution. Il va devenir de plus en plus facile de constituer et d’interpréter vos données personnelles. Si vous optez pour une solution technologique, faites votre choix en fonction des paramètres que vous voulez tracer (in fine les comportements que vous voulez changer/améliorer).
Des données traçables pour un travailleur du savoir sont par exemple :
- Votre capacité de cette semaine (-> Agenda)
- Votre capacité aujourd’hui (-> Agenda)
- Le nombre de fois où vous êtes interrompu dans la journée (-> liste, fenêtres ouvertes sur votre pc à la fin de la journée, …)
- Le nombre d’heures que vous avez dormi (-> réveil)
- Le nombre de litres d’eau que vous avez bu (-> nombre de bouteilles vides/carafes)
- Le nombre d’idées que vous avez notées (-> lieu de collecte, liste d’incubation)
- Le temps passé sur Facebook (-> chronomètre, pendule d’échecs)
- Le type et le nombre de repas que vous avez pris sur une journée (-> carnet ou « reportage photo »)
- Le niveau d’énergie mentale (-> l’application Test SNC pour votre smartphone : Android, iOS)
- La qualité et le temps de vos méditations (-> Muse, un outil de mesure, pas le groupe de musique)
- …
Tous ces éléments invisibles ont un effet sur votre comportement.
ACTION
Déterminez quel comportement vous aimeriez bien changer. Réfléchissez comment vous pourriez tracer les éléments essentiels de ce comportement le plus facilement et le plus simplement possible… …et partagez votre technique de traçage dans les commentaires…